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L'Opéra de quat'sous, Bertold Brecht

, 08:48 - Lien permanent

Un projet semble se monter pour l'année prochaine autour de L'Opéra de quat'sous, de Brecht, en collaboration entre l'ENMDT et le Collectif 12. Quelques infos sur cette pièce de theatre.

L'Opéra de quat'sous (Die Dreigroschenoper) est une pièce de théâtre musicale écrite en 1928, par le dramaturge Bertolt Brecht et le compositeur Kurt Weill.

Livret
L'Opéra de quat'sous est une adaptation de L'Opéra des gueux (The Beggar's Opera) de John Gay et Johann Christoph Pepusch (1728).

Synopsis L'action se déroule à Soho, un quartier de Londres en proie à une guerre des gangs. Il s'agit d'une lutte de pouvoir et de concurrence entre deux « hommes d'affaires », le roi des mendiants, Jonathan Jeremiah Peachum, et un dangereux criminel, Macheath, dit Mackie le Surineur (Mackie Messer dans le texte original). Le second épouse la fille du premier, Polly. Peachum et sa femme (Mme Peachum) refusent cette mésalliance et font pression sur le chef de la police de Londres, Brown, qui est pourtant un grand ami de Macheath ; Peachum menace de troubler les fêtes du couronnement en faisant défiler ses mendiants. Macheath est arrêté avec l'aide de la prostituée Jenny, qui est jalouse de Polly ; Polly est d'ailleurs aussi jalousée par la fille de Brown, Lucy, que Macheath avait déjà épousée ! Macheath s'évade, mais est repris et condamné à mort. Tout se termine bien : Brown intervient en tant que messager de la Reine et annonce que Mackie est gracié, anobli et doté d'une rente à vie.

Découpage
1) Prélude
La foire de Soho

ACTE I

2) Le local de Peachum
Peachum se plaint des difficultés de son métier ; un jeune homme (Filch) se présente pour devenir mendiant ; ils établissent le contrat, Filch reçoit son équipement ; Peachum se plaint à sa femme de laisser un inconnu (le Capitaine) courtiser Polly ; il finit par identifier ce Capitaine comme étant Macheath ; ils s’aperçoivent que Polly n’a pas dormi dans sa chambre.

3) Une écurie de Soho
Le mariage de Macheath et Polly (le lendemain après-midi)

La fête manque d’entrain (il n’y a que des gangsters) ; visite assez courte de Brown.

4) Le local de Peachum
Retour de Polly ; discussion entre elle et ses parents sur son mariage.

ACTE II

5) Le local de Peachum
Peachum décide de faire arrêter Macheath en le dénonçant à la police

6) Le repaire de Mackie
Polly avertit Macheath du danger ; Mackie la charge de diriger la bande pendant son absence

7) La maison close de Turnbridge
Mme Peachum soudoie Jenny pour qu’elle aide à l’arrestation de Macheath ; celui-ci vient rendre visite aux filles, Jenny le trahit et il est arrêté

8) La prison d’Old Bailey
Brown regrette de ne pouvoir rien faire pour Macheath ; devant la prison, altercation entre Polly et Lucy ; Mme Peachum intervient et emmène sa fille

Macheath réussit à s’évader. Peachum menace Brown de perturber les fêtes du couronnement le lendemain s’il ne fait rien.

ACTE III

9) Le local de Peachum
Peachum prépare sa manifestation de mendiants ; Brown vient l’arrêter, mais Peachum réussit à reprendre le dessus. Macheath est de nouveau arrêté.

10) La prison
Macheath ne réussissant pas à s’évader et exprime son désarroi.

Arrivée de Brown, devenu héraut de la reine : tous les problèmes sont résolus et tout le monde est réconcilié.

Morceaux chantés

Sont indiqués en gras les morceaux repris dans le film de Georg-Wilhelm Pabst

(1) Moritat von Mackie Messer – La Complainte de Mackie le Surineur : un chanteur de rue
(2) Morgenchoral des Peachum - Choral matinal de Peachum : Peachum
(2) Anstatt dass-Song – Chanson d’Au lieu de : Peachum et son épouse
(3) Hochzeitslied – Chanson de noces (ou Epithalame des pauvres) : 4 gangsters
(3) Seeräuber-Jenny – Jenny-des-Corsaires (ou : La Fiancée du pirate) : Polly (selon le livret ; mais peut être interprétée par
Jenny)
(3) Kanonen-Song – Le Chant des canons : Macheath et Brown
(3) Liebslied – Chanson d’amour : Polly et Macheath
(4) Barbara-Song – Le Chant de Barbara : Polly
(4) Premier Final de quat’sous : Peachum, Mme Peachum, Polly
(6) Pollyslied – Le Chant de Polly : Polly
(7) Ballade von der sexuellen Hörigkeit – Ballade de l’asservissement sexuel : Mme Peachum
(7) Zuhälter-Ballade – La Ballade du souteneur (ou : Tangoballade) : Mackie
(8) Ballade von dem angenehmen Leben – Ballade de la vie agréable : Mackie
(8) Eifersucht-Duett – Duo de la jalousie : Polly et Lucy
(8) Arie des Lucy – Aria de Lucy : Lucy
(8) Deuxième Final de quat’sous : Mackie, Mme Peachum, Chœur, Voix (Denn wovon lebt der Mensch ? – Car de quoi vit l’homme ?)
(9) Lied von der Unzulänglichkeit des menschlichen Strebens – Chant de la vanité de l’effort humain : Peachum (Der Mensch lebt durch den Kopf… - L’homme vit de la tête)
(9) Salomon-Song – Chanson de Salomon : Jenny
(10) Ruf aus der Gruft – Appel depuis la tombe : Mackie
(10) Grabschrift – Epitaphe (ou : Mackie demande pardon à tout le monde) : Mackie c’est une adaptation, fidèle au départ, de La Ballade des pendus de François Villon : Ihr Menschenbrüder, die ihr nach uns lebt… Vous frères humains, qui après nous vivez…)
(10)Troisième Final de quat’sous : Chœur, Brown, Mackie, Polly, Mme Peachum, Peachum

Historique de l'oeuvre

L'opéra fut créé le 31 août 1928 (générale le 28 août) à Berlin, au Theater am Schiffbauerdamm . La distribution incluait, entre autres, Lotte Lenya, la propre épouse de Kurt Weill, et Kurt Gerron (Tiger Brown) ; la direction d'orchestre était assurée par Theo Mackeben.

L'œuvre connaît un immense succès en Europe: en cinq ans, elle est jouée plus de 10 000 fois et est traduite en 18 langues. L'accueil est plus mitigé à Broadway en 1933.

Un film fut tourné dès 1931 par Pabst, en versions allemande et française avec, dans la version germanique, Lotte Lenya dans le rôle de Jenny; et pour la version française Margo Lion (Jenny), Albert Préjean (Mackie), Florelle (Polly) et Antonin Artaud dans un petit rôle. Brecht qui, au début, avait participé à l'adaptation de sa pièce en scénario, finit pourtant par désavouer le film.

La personnalité du criminel Mackie le Surineur est inspirée à la fois par le Macheath de John Gay, l'histoire de Jack l'éventreur et les poèmes de François Villon. Le style défie directement le public de l'époque en ouvrant une brèche dans le quatrième mur avec ce que Brecht a appelé la distanciation. Par exemple, des slogans sont projetés sur le mur du fond et les acteurs portent parfois des pancartes, ou sortent de la situation dramatique pour s'adresser directement au public. L'interprétation défie les notions conventionnelles de propriété aussi bien que celles du théâtre. Il pose la question rhétorique centrale, « Qui est le plus grand criminel : celui qui vole une banque ou celui qui en fonde une ? »

Le song d'ouverture, La Complainte de Mackie est devenue un standard de jazz grâce à sa reprise par Louis Armstrong et par Ella Fitzgerald sous le titre Mack the Knife.

Alabama Song qui acquerra une surprenante popularité dans le monde du rock lorsqu'elle sera reprise par le groupe The Doors, n'est pas tiré de l'Opéra de quat'sous comme beaucoup le croient, mais de l'opéra Grandeur et décadence de la ville de Mahagony des mêmes Bertolt Brecht et Kurt Weill.

Une optique expressionniste?

Il faut noter que Brecht est un auteur appartenant à, ou en tous cas, très influencé par le mouvement expressionniste. Il semble alors évident que cette pièce s'inscrive dans une certaine optique expressionniste, en ce sens principalement que Brecht a la volonté de se détacher de la réalité, pour la critiquer, notamment grâce à des procédés tels que la distanciation brechtienne.

Les adresses au public y sont donc fréquentes, "cassant" ainsi ce 4e mur traditionnel entre l'espace scénique, et l'assemblée des spectateurs, incluant ainsi le public dans l'espace de jeu, et favorisant la réaction émotionnelle de celui-ci, si chère aux expressionnistes.

Quant aux mises en abîme, c'est un procédé très largement utilisé par Brecht dans cette œuvre, car elle lui permettent une fois de plus de mettre à distance la réalité en créant une deuxième instance scénique à l'intérieur de la première: les personnages deviennent spectateurs d'une fiction interne à la fiction première, et cette confusion opérée entre personnage et spectateur pousse le public à s'interroger sur la réalité: si spectateur et personnage peuvent être si aisément confondus, alors comment savoir si je ne suis pas qu'un acteur/personnage de la grande mascarade qu'est le monde qui m'entoure?

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Commentaires

1. Le dimanche 25 mai 2008, 21:02 par Camille

"favorisant la réaction émotionnelle de celui-ci, si chère aux expressionnistes."

J'ai simplement butté sur ça. D'après ce que j'ai vu et compris de Brecht, il cherche à éloigner l'émotion pour laisser l'intellect, au loin le spontanée de l'identification pour ne garder qu'un regard critique sur la société et à la limite l'envie et les outils afin de changer le monde..

Aurais-je mal compris ou tout confondu?

2. Le lundi 26 mai 2008, 06:32 par yves

Nous ne sommes pas les auteurs du texte ci-dessus et Brecht étant un projet 2008/2009, nous ne serons (je) à même de vous donner (peut-être) un avis que lorsque nous aurons réellement commencé le travail...