Pierre TROESTLER, comédien de théâtre et de cinéma
Comédien de théâtre et de cinéma, c’est sur les planches que j’ai vécu mes plus grandes émotions, je voulais partager avec vous ce petit texte que j’ai écrit il y a quelques temps. Il fait suite à une représentation de la pièce « La mer est trop loin » de Jean-Gabriel Nordmann par la Compagnie des « Foulosophes » dont je fais partie. Ce texte parle de mon ressenti avant, pendant et après la représentation qui avait lieu lors d’un Festival de Théâtre et fait assez exceptionnel pour ma troupe…en plein air.
« 20h, j'ai besoin de me sentir dans mon personnage, c'est le moment que je choisis pour revêtir mon "habit de lumière" (oui, je sais j'en fait un peu trop là...mais ça me plait), c'est à dire mon habit de scène. Le compte à rebours commence, plus que 45 minutes, 30, 15...les spectateurs sont peu nombreux à priori, 0...non le démarrage est repoussé à 21h15 car les spectateurs commencent à arriver. Ouf...la perspective de jouer devant 10 personnes ne m'enthousiasmait pas. 21h15...La metteuse en scène vient me chercher. Je suis comme un torero attendant son entrée dans l'arène. Je la suis, je monte les escaliers qui mènent au restaurant, je traverse la salle du restaurant...j'attends quelques minutes encore. J'entre dans la lumière...the show must go on... Sensation étrange que de jouer à moins de deux mètres de la première rangée de spectateurs. Contrairement à une scène classique de théâtre, je vois les spectateurs, et une partie du défi sera de ne pas trop croiser leur regard, juste être le personnage, être le "docteur". Contrairement à la première impression, les amateurs de théâtre se sont déplacés malgré la fraîcheur du temps. Ils sont une cinquantaine, au delà de ce qu'on espérait. Sur scène, je suis le matador face à un taureau invisible...je plante quelques banderilles par ci par là, je virevolte...j'esquisse, ma victoire sera la satisfaction du public. Je me sens bien...même si le froid fige quelque peu les acteurs parfois. C'est un temps agréable mais la température n'excède pas dix degrés. Je me surprends à grelotter au milieu de la pièce, mais je garde la posture...je joue. 23H...c'est déjà la scène finale. Je m'allonge aux côtés d' "Hanka" à même le sol..."A demain Hanka"...puis noir...le spectacle est fini. Les comédiens auront bravé le froid et les problèmes techniques pour donner le meilleur d'eux mêmes. Tout n'a pas été parfait, loin de là...il y a eu quelques trous chez certains "Foulosophes", quelques hésitations aussi parfois...mais le public est conquis. Nos salutations le prouvent...les applaudissements sont inversement proportionnels à la fraîcheur atmosphérique. Nous avons droit à un rappel. Ca réchauffe le coeur, et je sais dans ces moments là pourquoi je suis là. Avant de regagner les coulisses, je souffle à un ami de m'attendre. Une personne chargée de l'organisation du festival remet une rose à chaque comédien...rideau. Je reviens tester le ressenti des spectateurs comme j'aime à le faire. Les gens ont apprécié la pièce malgré sa difficulté parfois. C'est une pièce d'atmosphère qui se regarde tout simplement, il faut "accepter de ne rien attendre" pour reprendre une réplique de mon "docteur" qui fait désormais partie de moi. Ce soir, nous avons eu droit à un public de vrais "amoureux" du théâtre. Les spectateurs ont vécu au rythme ou plutôt au faux rythme des personnages évoluant devant eux sans chercher à imaginer une autre vision de la pièce que la vision que leur offrait les "Foulosophes". Huit comédiens et cinquante anonymes ont communié dans le froid pour assouvir leur même passion et leur même faim de théâtre. » C’est pour continuer à vivre de pareilles émotions et même plus que le théâtre et moi sommes unis à vie…
Texte tiré de l’article « Carte postale de Wesserling » sur le site : http://pierretroestler.over-blog.com/ Lien de l’article
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