62e festival en Avignon, ville-théâtre durant trois semaines
AVIGNON (AFP) — Le Festival d'Avignon a ouvert vendredi sa 62e édition, qui fera de la cité des papes, pendant trois semaines, la capitale européenne du spectacle vivant contemporain, en compagnie de deux "artistes associés", la Française Valérie Dréville et l'Italien Romeo Castellucci.
A quelques heures du premier lever de rideau, les organisateurs avaient écoulé 82.000 des quelque 125.000 billets mis en vente pour 35 spectacles ouverts aux vents de la création dans le domaine du théâtre, de la danse, mais aussi des arts plastiques et de la musique.
Lectures, performances, expositions, débats et rencontres achèveront de faire de la ville provençale, jusqu'au 26 juillet, un forum où s'expriment, parfois vivement, l'engagement des artistes et la passion du public.
La traditionnelle effervescence avignonnaise était encore relativement modérée vendredi puisque le "Off" a opté cette année pour des dates légèrement décalées, du 10 juillet au 2 août, même si certains des spectacles programmés dans 110 lieux par 818 compagnies débuteront et s'achèveront plus tôt.
Le "Off", rendez-vous sans direction artistique, qui fait office de vitrine pour les compagnies indépendantes, de marché pour les professionnels et de foire où les expérimentations les plus singulières côtoient le pire amateurisme, sera marqué par une nouvelle inflation des propositions.
Pour la première fois, le seuil symbolique du millier de spectacles et événements accueillis devrait être franchi.
Côté "In", le premier temps fort 2008 devait être, vendredi soir à la nuit tombée, la présentation de "Partage de midi" de Claudel, joué par l'actrice Valérie Dréville avec d'autres comédiens mais sans metteur en scène, dans le plein air minéral de la Carrière de Boulbon (Bouches-du-Rhône).
Dans la Cour d'honneur du Palais des papes, lieu emblématique du festival fondé par Jean Vilar, Romeo Castellucci donnera, lui, libre cours à son esthétique hautement visuelle à partir de samedi soir avec "Inferno", premier volet d'un triptyque inspiré de "La Divine Comédie" de Dante.
Les artistes du Vieux-Continent auront la part belle cette année, alors que débute la présidence française de l'Union européenne.
L'Allemand Thomas Ostermeier, patron de la Schaubühne de Berlin, retrouvera la Cour d'honneur pour un nouvel "Hamlet" de Shakespeare. Son successeur en tant qu'"artiste associé", le provocant chorégraphe flamand Jan Fabre, présentera "Another sleepy dusty delta day".
Les Belges viendront d'ailleurs en force, à l'image de Ivo van Hove pour un spectacle autour des tragédies romaines de Shakespeare, de Guy Cassiers ("Wolfskers", "Atropa") ou du chorégraphe Sidi Larbi Cherkaoui ("Sutra").
Le metteur en scène letton Alvis Hermanis, héritier d'un théâtre aux influences à la fois russes et germaniques, fera ses débuts au festival avec "Sonia".
Le Français Arthur Nauzyciel créera "Ordet (La Parole)" du Danois Kaj Munk, premier travail de la romancière Marie Darieussecq pour le théâtre.
Joël Pommerat développera son univers poético-théâtral avec une pièce en deux parties ("Je tremble 1 et 2"), et le Libano-Québécois Wajdi Mouawad donnera "Seuls" avant d'être propulsé à son tour "artiste associé" en 2009.
Le festival s'achèvera sur un ton à la fois populaire et branché avec "2008 vallée", du chanteur dandy Philippe Katerine et de la chorégraphe Mathilde Monnier, qui tenteront de donner une autre dimension, entre les murs de la Cour d'honneur, à leur très potache spectacle de "chansons chorégraphiées".
Texte original sur afp.google.com/article/ALeqM5giW3KfuJNSsZSVLz-dVtLD72bT9A